Sauterelle verte : guide de jardinage et astuces d’entretien

Souvent aperçue lors des chaudes journées d’été, la grande sauterelle verte anime nos jardins de ses stridulations caractéristiques. Pourtant, cet insecte commun est fréquemment méconnu, voire confondu avec son cousin le criquet. Loin d’être un nuisible, cet orthoptère se révèle être un précieux auxiliaire pour le jardinier, jouant un rôle non négligeable dans l’équilibre de la petite faune de nos parcelles. Comprendre son mode de vie, son régime alimentaire et ses besoins est la première étape pour cohabiter harmonieusement avec elle et bénéficier de sa présence régulatrice au potager et au jardin d’ornement.

Comprendre la grande sauterelle verte : alliée du jardinier

Portrait d’un insecte commun

La grande sauterelle verte, de son nom scientifique Tettigonia viridissima, est l’un des plus grands insectes de nos régions. Sa silhouette élancée et sa couleur verte lui offrent un camouflage parfait au milieu de la végétation. Le mâle et la femelle présentent des différences notables. La femelle est généralement plus grande et se distingue par la présence d’un long appendice à l’arrière de son abdomen appelé oviscapte ou tarière, qui lui sert à déposer ses œufs dans le sol. Le mâle, quant à lui, est reconnaissable à ses élytres équipés d’un organe de stridulation, qu’il frotte pour produire son chant nuptial si familier des soirs d’été.

Habitat et comportement

Cet insecte affectionne particulièrement les milieux chauds, ensoleillés et secs. On le retrouve fréquemment dans les herbes hautes, les friches, les haies et les jardins bien exposés. Bien qu’elle puisse voler, la sauterelle verte se déplace principalement en sautant grâce à ses puissantes pattes arrière. Active de jour comme de nuit durant la période estivale, elle passe ses journées à chasser ou à se chauffer au soleil. Dès les premiers froids d’octobre, elle entre en hibernation pour ne réapparaître qu’au printemps suivant. Il est à noter qu’une espèce proche, Tettigonia cantans, est mieux adaptée aux milieux plus frais et humides.

Savoir identifier précisément cet insecte est essentiel pour ne pas le confondre avec d’autres orthoptères dont l’impact sur le jardin peut être très différent.

Différences entre sauterelle verte et criquet : comment les reconnaître

Des caractéristiques physiques distinctes

La confusion entre la sauterelle et le criquet est fréquente, pourtant plusieurs indices visuels permettent de les différencier sans erreur. Le critère le plus simple à observer concerne la longueur des antennes. Les sauterelles possèdent de longues antennes filiformes, souvent plus longues que leur propre corps, tandis que les criquets ont des antennes courtes et épaisses. La forme du corps est également un bon indicateur : celui de la sauterelle est plus élancé et fin, alors que le criquet apparaît plus trapu et robuste.

Comparaison des modes de vie

Au-delà de l’aspect physique, leurs comportements et régimes alimentaires divergent fondamentalement. La sauterelle est principalement carnivore et nocturne, tandis que le criquet est un herbivore strict et diurne. Cette distinction est cruciale pour le jardinier. Le tableau ci-dessous résume les principales différences à connaître pour une identification rapide et fiable.

Caractéristique Grande sauterelle verte Criquet
Antennes Longues et fines (plus longues que le corps) Courtes et épaisses (plus courtes que le corps)
Régime alimentaire Principalement carnivore (insectes, larves) Strictement herbivore (végétaux)
Activité principale Nocturne et crépusculaire Diurne
Chant (stridulation) Produit par le frottement des élytres Produit par le frottement des fémurs contre les élytres
Oviscapte (femelle) Long, en forme de sabre Court et robuste

Une fois l’identification assurée, il devient intéressant de se pencher sur le cycle de vie de cet insecte pour mieux comprendre sa présence saisonnière dans nos jardins.

Reproduction de la sauterelle verte : cycle de vie et développement

L’accouplement et la ponte

Le cycle de reproduction de la grande sauterelle verte débute à la fin de l’été. Le chant puissant du mâle, ou stridulation, a pour but d’attirer une femelle. Lors de l’accouplement, le mâle transfère à la femelle un spermatophore, une capsule contenant les spermatozoïdes mais aussi des nutriments essentiels. Après la fécondation, la femelle utilise sa tarière pour enfouir ses œufs en petits groupes dans un sol meuble et humide. Elle peut pondre au total entre 100 et 150 œufs avant l’arrivée de l’hiver.

De l’œuf à l’adulte

Les œufs passent tout l’hiver dans le sol, une phase de dormance appelée diapause. L’éclosion a lieu au printemps suivant, généralement en avril, lorsque les conditions de température et d’humidité sont favorables. Les jeunes sauterelles qui en sortent sont des larves qui ressemblent à des adultes miniatures, mais sans ailes. Le développement larvaire se déroule en plusieurs étapes :

  • Stades larvaires : La larve va muer plusieurs fois, grandissant à chaque étape. On compte généralement entre cinq et sept stades larvaires.
  • Alimentation : Dès leur naissance, les larves sont carnivores et se nourrissent de petits insectes comme les pucerons.
  • Développement des ailes : Les ébauches d’ailes apparaissent progressivement au fil des mues.
  • Stade adulte : La dernière mue, qui a lieu en début d’été, révèle l’insecte adulte, ou imago, doté d’ailes fonctionnelles et d’organes reproducteurs matures. La vie adulte dure environ six mois, jusqu’aux premiers grands froids.

Cette activité de prédation, présente dès le plus jeune âge, fait de la sauterelle un acteur important de la régulation des populations d’insectes au jardin.

La sauterelle verte, carnivore au jardin : quel impact sur votre potager ?

Un prédateur efficace

Le régime alimentaire de la grande sauterelle verte est une excellente nouvelle pour les jardiniers. Loin de s’attaquer à vos salades ou à vos tomates, elle est une chasseresse redoutable. Son menu se compose principalement d’autres insectes, dont beaucoup sont considérés comme des ravageurs pour les cultures. Elle se délecte de pucerons, de chenilles, de larves diverses, de doryphores et même de petites mouches. Elle n’hésite pas non plus à s’attaquer à des proies de sa taille. Grâce à ses mandibules puissantes, elle capture et dévore ses victimes, contribuant ainsi à limiter naturellement leur prolifération.

Des dégâts sur les végétaux quasi inexistants

Il peut arriver que la sauterelle verte consomme occasionnellement des végétaux tendres, comme des pétales de fleurs ou de jeunes feuilles, mais ces cas sont rares et les dégâts sont généralement négligeables. Cette consommation survient souvent en cas de pénurie de proies ou de besoin d’hydratation. Il ne faut donc pas la considérer comme une menace pour le potager. Sa présence est au contraire le signe d’un écosystème équilibré où les prédateurs naturels jouent leur rôle. Favoriser sa présence est donc une stratégie de lutte biologique à part entière.

Puisqu’elle représente un atout, il est logique de chercher à créer un environnement qui lui soit favorable au sein même de votre jardin.

Techniques de jardinage écologique pour favoriser la présence des sauterelles vertes

Aménager des refuges et des zones de chasse

Pour attirer et conserver une population de sauterelles vertes, il est essentiel de leur offrir un habitat adapté. Cela passe par des gestes simples qui favorisent la biodiversité. Une tonte raisonnée est un excellent point de départ : laissez des zones d’herbes hautes dans votre jardin. Ces espaces non tondus servent de refuge, de terrain de chasse et de lieu de reproduction. Pensez également à ménager des espaces de sol nu ou de terre meuble, car la femelle en a besoin pour y déposer ses œufs avec sa tarière.

Adapter les pratiques culturales

Certaines pratiques de jardinage intensif peuvent être néfastes. Il est conseillé d’éviter le labour par retournement qui détruit les œufs enfouis dans le sol durant l’hiver. Préférez un travail du sol plus superficiel à la grelinette ou à la fourche-bêche. La diversification des plantations est aussi un facteur clé. La présence de haies variées, composées d’espèces locales et de tailles différentes, offre le gîte et le couvert à une multitude d’insectes, proies potentielles pour la sauterelle. Enfin, et c’est une évidence, la proscription totale des insecticides chimiques est impérative pour ne pas empoisonner ces précieux auxiliaires.

Ces techniques, bénéfiques pour la sauterelle, s’inscrivent dans une démarche plus globale de préservation de l’ensemble de la faune du jardin.

Les pratiques à adopter pour préserver la biodiversité avec les sauterelles vertes

Créer un jardin-écosystème

La présence de la sauterelle verte est un bon indicateur de la santé de votre jardin. Pour la préserver, il faut penser l’ensemble du jardin comme un écosystème interconnecté. L’installation d’un petit point d’eau, même modeste comme une coupelle, peut être bénéfique durant les périodes de sécheresse. Laisser des tas de bois mort ou des murets de pierres sèches crée des abris pour une faune variée, qui à son tour servira de nourriture aux sauterelles. La plantation de fleurs mellifères et de plantes indigènes attirera une grande diversité d’insectes, enrichissant ainsi la chaîne alimentaire.

Limiter les perturbations

Au-delà de l’abandon des pesticides, limiter les interventions humaines est une pratique gagnante. Un nettoyage excessif du jardin à l’automne prive de nombreux insectes, dont les sauterelles, de leurs abris hivernaux. Laissez les feuilles mortes au pied des arbres et des haies. Réduisez l’éclairage nocturne dans le jardin, car il peut perturber le comportement de nombreuses espèces, y compris celui des sauterelles qui sont actives la nuit. En adoptant une approche de jardinage plus douce et plus respectueuse des cycles naturels, vous favoriserez non seulement la sauterelle verte mais aussi l’ensemble de la biodiversité.

Accueillir la grande sauterelle verte dans son jardin est bien plus qu’un simple geste écologique, c’est une invitation à observer et à comprendre les mécanismes subtils de la nature. En la reconnaissant comme une alliée plutôt qu’une intruse, le jardinier apprend à travailler avec son environnement. Maintenir des zones sauvages, pratiquer une tonte différenciée et bannir les produits chimiques sont des actions simples qui favorisent sa présence et, par extension, contribuent à un écosystème de jardin plus résilient et équilibré.